lundi 2 février 2009

Sermon du dimanche 1er février 2009 - Transfiguration

Texte : 2 Co 4 . 1-15


1 « Puisque par la bonté de Dieu nous avons ce ministère, nous ne perdons pas courage.

2 Nous rejetons les actions honteuses qui se font en secret, nous ne nous conduisons pas avec ruse et nous ne falsifions pas la parole de Dieu. Au contraire, en faisant connaître clairement la vérité, nous nous recommandons à toute conscience d'homme devant Dieu.

3 Si notre Evangile est encore voilé, il l'est pour ceux qui périssent,

4 pour les incrédules dont le dieu de ce monde a aveuglé l'intelligence afin qu'ils ne voient pas briller l'éclat que projette l'Evangile de la gloire de Christ, qui est l'image de Dieu.

5 Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes : c'est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous déclarons vos serviteurs à cause de Jésus.

6 En effet, le Dieu qui a ordonné que la lumière brille du sein des ténèbres a aussi fait briller sa lumière dans notre coeur pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu dans la personne de Jésus-Christ.

7 Nous portons ce trésor dans des vases de terre afin que cette puissance extraordinaire soit attribuée à Dieu, et non à nous.

8 Nous sommes pressés de toutes parts, mais non écrasés ; inquiets, mais non désespérés ;

9 persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non anéantis.

10 Nous portons toujours avec nous dans notre corps l'agonie du Seigneur Jésus afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps.

11 En effet, nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus afin que la vie de Jésus soit elle aussi révélée dans notre corps mortel.

12 Ainsi la mort est à l'oeuvre en nous, et la vie en vous.

13 Et comme nous avons le même esprit de foi que celui exprimé dans cette parole de l'Ecriture : J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé, nous aussi nous croyons, et c'est pour cela que nous parlons.

14 Nous savons en effet que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera aussi par Jésus et nous fera paraître avec vous dans sa présence.

15 Oui, tout cela arrive à cause de vous afin que la grâce, en se multipliant, fasse abonder la reconnaissance d'un plus grand nombre, à la gloire de Dieu.

Chants proposés :

Jésus-Christ né du Père LlS 65 : 1+3-4

Venez au Prince de la vie LlS 118 : 1-3

Messagers de bonnes nouvelles LlS 185 : 1-2+5

Jérusalem, laisse passer le Roi LlS 162 : 1-3

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ, Lumière du monde,

La Fête de la Transfiguration ! « Ah ! si nous aussi nous pouvions voir notre Sauveur transfiguré devant nous ! Cela nous aiderait à croire » pensons-nous parfois. Est-ce si sûr que cela ?

C’est que les miracles ne font qu’attirer l’attention, qu’impressionner, mais la foi en Jésus-Christ est exclusivement opérée par l’Evangile, cette Bonne Nouvelle de ce que le Christ a fait à notre place et pour notre compte.

Rappelez-vous cette parole d’Abraham, dans une parabole : « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes » – la Parole de Dieu de l’époque – « ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu'un ressuscite. » (Lc 16.31) D’où l’importance – même l’extrême urgence – de la prédication de l’Evangile du Christ dans le monde, l’importance aussi du ministère pastoral.

La Fête de la Transfiguration termine le Temps de l’Epiphanie.

Le mot grec « Epiphanie » signifie : se montrer en brillant, apparaître avec splendeur, se manifester avec éclat. Justement, le texte de notre sermon, prévu pour un des dimanches du temps de l’Epiphanie, nous présente

LE MINISTERE DE LA PREDICATION

comme

UN MINISTERE D’EPIPHANIE.

Il s’agit

1. de faire resplendir la lumière du Christ dans les cœurs !

2. de ne pas craindre les ténèbres qu’il s’agit d’éclairer !

3. de faire confiance à Jésus qui appelle dans le ministère de porte lampe !

Le ministère de la prédication

est un ministère d’Epiphanie.

Aussi s’agit-il

X X X 1 X X X

DE FAIRE resplendir

la lumière du Christ

dans les cœurs !

Paul nous rappelle ici que le travail du prédicateur consiste à répandre « la connaissance de la gloire de Dieu » telle qu’elle se manifeste si brillamment « dans la personne de Jésus-Christ » (v. 6). Dans sa Première Epître à ces mêmes Corinthiens, Paul avait déjà écrit qu’il ne leur avait rien annoncé d’autre « que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Co 2.2). Et pour cause !

Il n’y a pas trente-six – même pas deux – façons différentes pour un prédicateur de mettre en lumière la gloire de Dieu dans toute sa splendeur, dans tout ce qu’elle a de plus impressionnant et de plus attachant. Pour cela il faut, dit Paul ici, « faire briller l’éclat que projette l’Evangile de la gloire de Christ » (v. 4), « faire briller l’éclat », le caractère admirable de sa grâce et de sa miséricorde, de sa compassion et de son pardon, de sa réconciliation avec les pécheurs que nous sommes et de la certitude du salut qu’il nous procure.

C’est là le premier aspect du ministère d’Epiphanie : « faire briller » « la lumière » qu’il « a [déjà] fait briller dans [notre] coeur » (v. 6), être le porte lampe de celui qui « nous a appelés à son admirable lumière » (1 P 2.9) et qu’Esaïe appelait déjà « l’Admirable », « le Merveilleux » (Es 9.5) !

Quand on voit le marché de l’emploi (autrement dit, le taux de chômage, surtout sa progression), ou le niveau du moral de nos contemporains révélé par les sondages d’opinion, ou encore les listes d’attente chez les psy, on ne peut que constater : Ça n’a pas changé depuis que Paul a écrit, dans notre lettre : « Nous sommes pressés de toutes parts […] » – aujourd’hui, nous disons stressés – « nous sommes inquiets […], abattus […]. » (v. 8-9)

Beaucoup de nos contemporains broient du noir, avancent en tâtonnant, se sentent perdus dans les ténèbres, sans savoir où cela va les mener. Le malheur, c’est que la plupart d’entre eux ne se rendent même pas compte de la réelle profondeur de ces « ténèbres ». La plupart ne se rendent pas compte que tous ces dysfonctionnements chez nous, autour de nous et partout dans le monde ont une cause commune : le dysfonctionnement dans l’homme, ce que Dieu appelle péché, voire, chez beaucoup, mort spirituelle.

Qui d’entre nous pourrait affirmer qu’il ne se laisse pas lui-même envahir par les « ténèbres » du péché, qu’il n’est pas souvent en porte-à-faux avec la sainte volonté de Dieu, qu’il ne se sent pas aussi coupable de péché, qu’il ne manque pas parfois de foi en la bonté de Dieu à son égard ? C’est bien pour cela que nous avons, tout à l’heure, confessé nos péchés et reçu l’absolution comme des assoiffés qui recherchent l’eau qui désaltère.

C’est dans ce contexte – ici, parmi des gens qui ont soif de pardon, mais aussi entouré de gens qui n’ont pas encore découvert les bienfaits du pardon – que nous tous, et particulièrement nous pasteurs, nous faisons « briller l’éclat que projette l’Evangile de la gloire de Christ ». Certes, ce n’est pas nous qui allons pouvoir ni devoir donner les solutions à l’économie mondiale, voire régionale. Ce n’est pas cette lumière que répand l’Evangile. Mais dans le désarroi de nos contemporains, Jésus-Christ appelle les pasteurs à « faire briller sa lumière » dans les cœurs de façon à ce qu’ils puissent dire avec l’apôtre : « [Certes,] nous sommes pressés de toutes parts, mais non écrasés ; inquiets, mais non désespérés ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non anéantis. » (v. 8-9)

Chère paroisse : En quoi consiste « la gloire de Christ » que votre pasteur doit faire « briller » parmi vous en annonçant « l’Evangile » ?

Paul le résume dans notre texte avec les mots : « l’agonie » et « la vie du Seigneur Jésus » (v. 10).

Seul le sacrifice expiatoire du Fils de Dieu pour nos péchés donne un éclairage à notre vie qui ne s’éteindra jamais. Pour toi, pour moi, pour « le monde entier » (1 Jn 2.2), le Fils de Dieu devenu homme a passé par les souffrances de « l’agonie », des souffrances particulières, car il a connu les souffrances de l’enfer pour nous les éviter. Puis, ayant pleinement expié nos péchés, Dieu le Père l’a « ressuscité » (v. 14) et installé dans la lumière de « la vie » éternelle.

« La Bonne Nouvelle » (v. 4), c’est que ce n’est pas là une histoire vieille de 2000 ans, c’est ton histoire, la mienne, notre histoire à nous, les croyants, nous y sommes intimement impliqués par la foi. « Nous savons, en effet, » avec Paul, « que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera aussi par Jésus et nous fera paraître dans sa présence » (v. 14).

Voyez-vous, en faisant voir « l’éclat que projette [cet] Evangile de la gloire de Christ », les prédicateurs font « briller sa lumière dans [les] cœurs », ils donnent à la vie de leurs auditeurs un nouvel éclairage, l’éclairage de l’amour, du pardon et de la fidélité de Dieu, l’éclairage du salut éternel qui fait si chaud au cœur.

C’est là le ministère d’Epiphanie et de porte lampe dans lequel vos pasteurs ont été appelés par celui qui a fait l’Epiphanie dans nos cœurs. Il s’agit maintenant de l’exercer avec consécration et fidélité « afin que » – comme l’écrit l’apôtre ici – « la grâce, en se multipliant, fasse abonder la reconnaissance d’un plus grand nombre, à la gloire de Dieu » (v. 15).

Le ministère de la prédication

est un ministère d’Epîphanie.

Aussi s’agit-il

X X X 2 X X X

DE ne PAS crainDRE LES TENEBRES

qu’IL S’AGIT D’eclairer !

Il est vrai, « les ténèbres » ont quelque chose d’angoissant. La lumière permet l’épanouissement, « les ténèbres » l’empêchent. Dans le noir, non seulement on ne voit pas comment avancer et œuvrer, on ne voit pas non plus le danger, les menaces. C’est pour cela que l’Ecriture associe l’ennemi héréditaire, le diable, au « monde des ténèbres » (Ep 6.12).

Fondamentalement opposé à Dieu, il l’est tout autant à tout ce qui appartient à Dieu, à son royaume, la communauté des croyants. Et comme il ne peut pas s’en prendre directement à Dieu, il se déchaîne d’autant plus contre les enfants de Dieu, contre l’Eglise et son « Evangile ».

Il voit aussi d’un mauvais œil le ministère de porte lampe, comme celui de tous les témoins du Christ. Les prédicateurs sont en quelque sorte des généraux dans l’armée des croyants. Tout le monde sait que si on arrive à abattre, ou ne serait-ce qu’à affaiblir, le général, l’armée sera vaincue plus facilement.

C’est la lutte entre « la lumière » du Christ et « les ténèbres » de Satan. Dans ses épîtres, nous voyons Paul nous dire comment il a été impliqué dans cette lutte contre Satan qui dirige « ce monde » en « dieu » camouflé (v. 4). Tout chrétien peut témoigner du combat de la foi qu’il doit ainsi mener contre les tentations de tous ordres, contre les doutes insidieux. Ça se saurait si c’était différent pour nous, les pasteurs.

Paul énumère ici quelques difficultés que nous rencontrons dans notre ministère de porte lampe du Christ et de son Evangile. Il ne le fait pas pour nous faire peur, mais pour nous prévenir, pour nous conseiller, pour que nous ne soyons pas pris au dépourvu.

Satan « a aveuglé l’intelligence des incrédules » (v. 4) : il a tout fait pour que les incroyants « ne voient pas briller l’éclat que projette l’Evangile de la gloire de Christ » dans leur vie ; pour qu’ils y voient même tout le contraire : les uns un « scandale » les autres une « folie » (1 Co 1.23).

Si Satan « voile » ainsi « l’Evangile […] aux incrédules », aussi à ceux auxquels les pasteurs ont affaire dans l’exercice de leur ministère ou auxquels vous avez affaire dans votre vie, c’est pour les maintenir dans « les ténèbres » de « l’incrédulité » et nous empêcher de les conduire dans « la lumière » « que projette l’Evangile ».

En fait, il veut empêcher les incroyants d’échapper à « la perdition » éternelle à laquelle lui-même a été condamné. Quant à vous, chers paroissiens, vous, « les enfants de lumière » (Ep 5.8), sachez que Satan veut vous détourner de Jésus-Christ, seule véritable « Lumière du monde » (Jn 8.12), pour vous entraîner dans sa « perdition ».

C’est ainsi qu’il s’oppose à Dieu et à ses ministres de la Parole et leur rend leur ministère compliqué, voire difficile, dans certaines régions du monde même dangereux.

Mais il est possible de « lui résister avec une foi inébranlable » (1 P 5.9) ; il est possible de ne pas lui succomber : en faisant confiance à Jésus-Christ. Si ces paroles de l’apôtre s’adressent à tous les croyants, elles prennent une signification toute particulière pour un porte-parole du Christ dans ses efforts pour faire reculer les ténèbres : Nous sommes pressés de toutes parts, mais non écrasés ; inquiets, mais non désespérés ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non anéantis. »

Le ministère de la prédication

est un ministère d’Epîphanie.

Aussi s’agit-il

X X X 3 X X X

DE FAIRE confiance à Jésus

qui APPELLE DANS LE MINISTERE

DE porte lampe !

une vérité éminemment réconfortante et encourageante dans l’exercice du ministère pastoral est celle que Paul énonce au début de notre texte : « Nous avons ce ministère par la bonté de Dieu. » (v. 1) Si Dieu n’était pas bon, il n’aurait pas institué le ministère qui consiste à faire « briller l’éclat que projette l’Evangile de la gloire de Christ », il nous laisserait tous macérer dans l’aveuglement des « ténèbres » pour nous laisser dériver vers la « perdition » éternelle.

Mais « puisque » le ministère pastoral est l’expression de « la bonté de Dieu », « nous ne perdons pas courage » (v. 1). Dieu n’est pas versatile : il assistera ses prédicateurs de sa « bonté » pour autant qu’ils considèrent leur ministère pour ce qu’il est, pour autant aussi qu’ils l’exercent dans les bonnes dispositions.

Un prédicateur s’adresse à ses paroissiens avec ces paroles de Paul : « Je me déclare votre serviteur à cause de Jésus. » (v. 5) Notre ministère n’a de sens qu’en relation avec Jésus-Christ. C’est lui notre boss, c’est lui aussi le Chef de l’Eglise (Col 1.18).

Cela a une autre conséquence, comme Paul le rappelle ici : « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes : c'est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons » (v. 5), c’est « l’éclat que projette l’Evangile de la gloire de Christ » que nous faisons « briller », pas notre gloire personnelle. Celle-ci ne peut que faire écran, de l’ombre, à la gloire du Seigneur de l’Eglise, du Seigneur des pasteurs.

Que sommes-nous, pasteurs ? Paul sait parler crûment à l’occasion : nous sommes « des vases de terre », dit-il. « Nous portons ce trésor » – la lumière de l’Evangile du Christ – « dans des vases de terre » « nos corps mortels » (v. 10) – « afin que cette puissance extraordinaire » – l’Evangile – « soit attribuée à Dieu et non pas à nous » (v. 7)

L’efficacité de notre ministère, les fruits qu’il porte, ne viennent pas de nos capacités humaines forcément limitées, mais de Dieu qui a doté de « puissance » divine « l’Evangile » que nous faisons briller (Rm 1.16).

Priez pour vos pasteurs, qu’ils demeurent fidèles à leur Seigneur, au seul Sauveur possible vos âmes ; qu’ils exercent leur ministère en toute fidélité, « en faisant connaître clairement la vérité » (v. 2), et en laissant le Seigneur faire le reste. C’est son entreprise. Il a clairement réparti les rôles : nous sommes ses porte lampe, mais c’est sa « lumière » qui éclaire les esprits et réchauffe les cœurs par la puissance du Saint-Esprit.

C’est là une disposition divine claire, une invitation qui ne l’est pas moins, mais aussi un encouragement sans pareil.

Rappelons-nous :

Le ministère de la prédication

est un ministère d’Epîphanie.

faisons confiance à Jésus

qui a appelé les predicateurs

pour être

ses porte lampe !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig




Aucun commentaire: