lundi 4 mai 2009

Sermon du dimanche 03 mai 2009 - JOUR DES APÔTRES PHILIPPE ET JACQUES LE MINEUR


Texte : 1 Co 4.9-15

9 « En effet, il me semble que Dieu a fait de nous, apôtres, les derniers des hommes, des condamnés à mort en quelque sorte, puisque nous avons été donnés en spectacle au monde, aux anges et aux hommes.

10 Nous sommes fous à cause de Christ, mais vous, vous êtes sages en Christ; nous sommes faibles, mais vous êtes forts. Vous êtes honorés et nous sommes méprisés !

11 Jusqu'à cette heure, nous souffrons de la faim, de la soif, du dénuement; nous sommes maltraités, errants ;

12 nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains. Injuriés, nous bénissons; persécutés, nous supportons ;

13 calomniés, nous répondons avec bonté. Nous sommes devenus comme les balayures du monde, le déchet de tous, jusqu'à maintenant.

14 Ce n'est pas pour vous faire honte que j'écris cela, mais je vous avertis comme mes enfants bien-aimés.

15 En effet, même si vous auriez 10 000 maîtres en Christ, vous n'avez cependant pas plusieurs pères, puisque c'est moi qui vous ai donné la vie en Jésus-Christ par l’Evangile. »


Chers frères et sœurs

qui, comme les apôtres, passez parfois pour « fous »,

mais qui êtes en réalité « sages en Jésus-Christ » !

« Jour des apôtres Philippe et Jacques le Mineur » ! Je pense qu’il vaut mieux commencer par les présenter pour qu’il n’y ait pas de confusion.

Commençons par « Philippe ». Ce n’est pas le Philippe que Dieu a envoyé instruire et baptiser l’eunuque d’Ethiopie sur le chemin de Gaza (Ac 8.26-39). Celui-ci était diacre et évangéliste ; les Actes des Apôtres parlent de lui à plusieurs reprises (Ac 6.3-6 ; 8.4-40 ; 21.8-9).

Nous parlons aujourd’hui de « Philippe », l’un des douze apôtres. Comme Pierre et André, il était natif de Bethsaïda, sur les bords du Lac de Galilée. C’est là que Jésus l’a rencontré peu après son baptême. Il a été le 4ème à avoir été appelé par Jésus pour être un de ses apôtres (Jn 1.43-45).

D’avoir rencontré le Messie le rend si heureux – il ne peut pas le garder pour lui – qu’il tient tout de suite à le faire rencontrer à son ami Nathanaël. Plus tard, Jean parle encore trois fois de lui dans son évangile (Jn 6.5-6 ; 12.20-23 ; 14.8-12). Enfin il se trouve dans la chambre haute avec les autres apôtres, après l’Ascension (Ac 1.13). Après, la Bible ne le mentionne plus.

La tradition prétend qu’il a subi le martyre à Hiérapolis, en Phrygie. On n’en a pas de preuve historique, mais il doit y avoir un fond de vérité en tout cela.

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« Jacques le Mineur » (Mc 15.40), pour le distinguer de l’autre apôtre Jacques, le fils de Zébédée et frère de Jean.

Ce n’est pas non plus l’auteur de l’épître du même nom. Celui-là était un frère de notre Seigneur et le pasteur principal de la première communauté chrétienne, celle de Jérusalem.

« Jacques le Mineur » – il était sans doute plus jeune que l’autre Jacques – était « fils d’Alphée » (Mt 10.3). Sa mère, une autre Marie, était l’une des femmes qui accompagnaient Jésus. Il avait un frère appelé Joseph (Mt 27.56).

« Jacques le Mineur » était aussi du nombre des apôtres le jour de l’Ascension. C’est aussi la dernière fois qu’il est mentionné dans la Bible. On ne sait trop rien à son sujet par ailleurs.

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C’est la raison pour laquelle l’épître choisie pour ce jour est un texte de l’apôtre Paul où il parle du ministère apostolique. Sans doute parle-t-il aussi de lui-même, mais il s’englobe dans le collège des apôtres en parlant continuellement de « nous les apôtres » (v. 9), « nous, « nous » (15 fois !). Et pourtant, nous verrons que bien souvent nous aurons l’impression – et à juste titre – qu’il parle aussi de nous.

Notre thème d’aujourd’hui, sera, en effet :


LA VIE D’UN APÔTRE,

UN CONDENSE

DE NOTRE EXPERIENCE DE CHRETIEN

1. Pour certains nous sommes des « fous » dérangeants.

2. Pour Dieu, des « sages en Christ ».

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POUR CERTAINS, NOUS SOMMES

« DES FOUX » DERANGEANTS

Rappelez-vous la première Pentecôte à Jérusalem ! Quand la foule entend les apôtres « parler dans leur langues des merveilles de Dieu », certains lancent : « Ils sont ivres ! » (Ac 2.11)

Lorsqu’à l’Aréopage, les Athéniens « entendirent [Paul] parler de résurrection des morts, certains se moquèrent » de lui (Ac 17.32).

Lorsque Paul, prisonnier à Césarée, présente l’Evangile et parle entre autre de repentance et de résurrection devant le roi Agrippa, Bérénice et le gouverneur romain Festus, ce dernier lance : « Tu es fou, Paul ! Ton grand savoir te fait déraisonner ! » (Ac 26.24).

Essayez de dire, lors d’une table ronde, à la télé ou ailleurs dans le monde, que la Bible est la Parole de Dieu, pas seulement dans le sens qu’elle parle de Dieu, mais que Dieu s’y adresse à nous, et la réaction ne sera guère différente.

Si vous avez le courage de dire que la fidélité dans le mariage et l’absence de relations intimes en dehors du mariage seraient un grand pas pour solutionner les problèmes du sida – et bien d’autres problèmes de société – vous verrez la levée de boucliers en face.

Si vous indiquez que pour Dieu l’homosexualité est un péché, vous serez « méprisé » (v. 10), « injurié » (v. 12), « calomnié » (v. 13).

On vous dira que la foi en Jésus-Christ est pour les « faibles » (v. 10), les forts n’ont pas besoin d’un Sauveur. Les malheureux ! Depuis quand la réalité ressemble-t-elle à ce qu’un aveugle en connaît ?

Certes, nous sommes dans le pays où ont éclos les « droits de l’homme et du citoyen ». N’empêche qu’il a fallu attendre un siècle et demi pour que la femme devienne pleinement citoyenne.

Normalement, nous ne devrions pas être persécutés pour notre foi, comme l’ont été les apôtres. Et cependant, la pensée unique » n’exerce-t-elle pas une pression telle que, souvent, nous n’osons pas opposer « la sagesse de Dieu » (1 Co 1.24) à celle du monde ? Cela ne montre-t-il pas que le monde essaye de nous imposer silence ? N’est-ce pas une forme d’oppression ?

Paul écrit que les apôtres – mais nous pouvons nous y reconnaître à certains moments – sont considérés comme « les balayures du monde », comme « le déchet de tous » (v. 13). Karl Marx a dit que « la religion est l’opium du peuple ». Si les régimes communistes ont tous périclité à la veille de ce 3ème millénaire (il n’ont donc pas tenu un siècle, la plupart même pas 50 ans !), le poison de cette idée marxiste fait toujours son œuvre dans les esprits : confesser sa foi en Jésus-Christ en paroles ou par sa façon de vivre et de se comporter, cela attire toujours le mépris et les calomnies de beaucoup.

Jésus-Christ et les siens gênent le monde. Le monde n’est pas neutre. Je parle de l’état d’esprit des incroyants, pas de la position de notre Constitution et de nos lois. Là, la loi naturelle inscrite dans les cœurs fait œuvre de digue ou de barrière pour « empêcher, dans une certaine mesure, les manifestations grossières du péché » et pour « préserver l’ordre [et la paix] dans le monde. » (Catéchisme synodal, 1970 ; Question 90)

Mais quand Jésus dit : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, » il ne veut pas seulement dire qu’à ses yeux l’incroyant est un adversaire, mais que c’est là effectivement sa tournure d’esprit et qu’il se comporte effectivement comme tel, puisqu’il continue : « et celui qui ne rassemble pas avec moi disperse » (Mt 12.30), travaille contre l’Eglise. Cela n’empêche pas que Jésus fasse son possible pour sauver ses adversaires en les amenant à lui dans la foi.

Dans le monde, on essaye de se débarrasser d’un gêneur ; c’est une réaction naturelle. L’appel à la repentance incommode l’incroyant. L’invitation à recourir au Christ pour être en règle avec Dieu est ressentie par l’incroyant comme une humiliation. Si le monde pouvait faire disparaître l’annonce de l’Evangile du Christ, il pourrait se sentir soulagé, il ne serait plus gêné pour faire ce qu’il veut.

Voilà pourquoi le monde n’en rate pas une pour s’opposer à l’Evangile.

Cette opposition ne prend plus chez nous, dans les pays démocratiques, les proportions prises du temps des apôtres. « En effet, » écrit Paul, « il me semble que Dieu a fait de nous les derniers des hommes, des condamnés à mort en quelque sorte » (v. 9). Il pourra bientôt enlever son « en quelque sorte », car il mourra effectivement « à cause de Christ » (v. 10), à cause de sa foi en Jésus-Christ.

Il semblerait qu’à part Jean tous les apôtres soient morts en martyrs. Ils ont « été donnés en spectacle au monde » (v. 9). Le texte original grec utilise ici le mot qeatron (théatron) qui a donné le mot français théâtre.

C’est que les mises à mort se faisaient en public, souvent dans les arènes et les théâtres, bref dans des lieux de « spectacle ». La tradition veut que Paul ait été décapité sur la route allant de Rome à Ostie, ou que Philippe ait subi le martyre à Hiérapolis, en Phrygie.

Qu’est-ce qui a donné aux apôtres la force de garder foi dans le Seigneur et de le confesser jusqu’au bout au péril de leur vie ?

Bien entendu, ils vivaient personnellement dans la joie d’appartenir au Christ ressuscité. Ils vivaient des promesse de leur Maître : que « celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé » ; que « toute personne qui se déclare publiquement pour [Jésus], il se déclarera lui aussi pour elle devant son Père céleste » ; qu’ils n’auraient finalement pas à « redouter ceux qui tuent le corps mais qui ne peuvent tuer l’âme » (Mt 10.22+32+28). Bref, ils savaient qu’ils avaient « la vie en Jésus-Christ » (v. 15).

Mais si les apôtres – et nous avec eux – nous passons aux yeux du monde pour des « fous » et des empêcheurs de tourner en rond, Paul et les autres – Philippe ou Jacques le Mineur, par ex – et nous avec eux, nous savons qu’en fait,

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pour dieu, nous sommes

« des sages en christ »,

et cela nous remplit de joie, d’une joie communicative. Nous aimerions que de plus en plus de gens partagent avec nous la joie de cette sagesse en Christ.

C’était là la raison d’être des apôtres, le contenu de leur apostolat, leur mission : « donner la vie en Jésus-Christ par l’Evangile » (v. 15), devenir les « pères » spirituels de nombreux « enfants bien-aimés » (v. 14). C’est là une image à laquelle Paul aime souvent recourir.

C’est ainsi que, deux versets après notre texte, il présente Timothée comme « [son] enfant bien-aimé et fidèle dans le Seigneur » (v. 17), ou qu’en écrivant à Philémon, il présente Onésime comme « [son] enfant, celui qui est devenu [son] fils en prison » (Phil 10). Enfin, dans sa 2ème Epître aux Corinthiens, il s’adresse ainsi à eux : « Je vous parle comme à mes enfants » (2 Co 6.13).

Bien sûr, ni Timothée (dont le père était un païen grec), ni Onésime, et encore moins tous les chrétiens de Corinthe, étaient les enfants de Paul selon la filiation naturelle. Mais l’apôtre avait eu la joie de pouvoir semer « l’Evangile » du salut auprès d’eux et de permettre ainsi au Saint-Esprit de les éveiller à la foi en Jésus-Christ, de les régénérer.

C’est pour cela qu’il écrit qu’il a pu leur « donner la vie » – les « engendrer » « en Jésus-Christ par l’Evangile ».

Cela aussi, cette merveilleuse mission, a aidé les apôtres à tenir bon et à persévérer jusqu’à leur fin – tragique aux yeux du monde, mais bienheureuse pour eux-mêmes (Ph 1.21-23 ; Ap 14.13). N’allaient-ils pas retrouver, dans la félicité éternelle autour du trône de l’Agneau, tous ceux qui sont devenus enfants de Dieu par « l’Evangile » qu’ils ont prêché, par cette « puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1.16) ?

Oui, c’est grâce à leur ministère – et grâce à tous ceux qui, après eux et jusqu’à nos jours, ont semé cet Evangile de vie du Christ – c’est grâce à eux que nous sommes devenus bien autre chose que des « fous » (même si le monde nous considère tels !) : « des sages en Jésus-Christ » ! (v. 10)

Heureusement que les apôtres, mais aussi des gens comme nos pasteurs, nos parents ou nos amis, ont été persévérants en pensant à notre salut !

Heureusement qu’ils nous ont mis en contact avec « les Saintes Ecritures qui nous ont rendus sages en vue du salut par la foi en Jésus-Christ » ! (2 Tm 3.15) Ces pères et ces mères spirituels nous ont ainsi fait naître à la « vie en [communion avec] Jésus-Christ » et nous y ont fait grandir.

Nous possédons « la vie en Jésus-Christ » ! C’est tout bonnement renversant ; aussi bien parce que, pécheurs que nous sommes, nous ne l’avons pas mérité, qu’à cause des biens célestes et des grandioses trésors que Jésus nous fait partager.

Sommes-nous en mesure de saisir tout le caractère merveilleux de notre « vie en Jésus-Christ » ici-bas, de notre « vie en [communion avec] lui » ? Notre vie ici-bas se déroule au contact du Vainqueur de Pâques, sous son regard bienveillant et sa protection puissante ! Il ne nous fait vivre que des expériences par lesquelles il veut nous faire grandir dans la foi en lui et mieux assurer notre salut.

Paul a vraiment raison de dire que nous sommes « honorés » (v. 10). Jésus nous fait l’honneur de partager sa victoire avec lui. Il nous fait l’honneur d’être notre Grand Frère. Il nous fait l’honneur de nous élever au rang « d’enfants de Dieu » et de « citoyens des cieux » ! (1 Jn 3.1 ; Ph 3.20)

Tout cela, nous le devons au ministère des apôtres, à celui des pasteurs et au témoignage de tous ceux qui nous ont présenté l’Evangile de Jésus-Christ au cours de notre vie.

C’est ainsi que le Saint-Esprit nous a rendus « sages pour le salut » ; c’est ainsi que nous avons reçu toutes les bénédictions d’une « vie en [communion avec] lui ».

Et cela nous rend « forts » (v. 10) à notre tour. Oh ! sans doute pas comme les apôtres. Peut-être tout simplement parce que nos épreuves n’exigent pas la même force de foi.

Mais comme eux, nous voulons nous appuyer sur notre divin Maître quand nous avons du mal à voir une issue à nos problèmes.

Comme eux, nous voulons faire honneur à notre Sauveur en résistant avec force aux tentations de rendre coup pour coup. Prenons exemple sur les apôtres ; en leur nom, Paul écrit : « Injuriés, nous bénissons ; persécutés, nous supportons ; calomniés, nous répondons avec bonté » ! (v. 12-13)

Je sais : c’est plus vite dit – surtout quand tout va bien ! – que mis en pratique quand tout va mal. Mais notre Seigneur nous promet de nous bénir dans une telle attitude. Et n’oublions pas : ce n’est qu’ainsi que nous pouvons, à notre tour, « donner la vie en Jésus-Christ par l’Evangile ».

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Ô Jésus, Maître doux et tendre, LlS 146 : 1-7

Le monde, hélas ! réunit tous ses charmes LlS 280 : 1-4

Grand Dieu, nous te bénissons, LlS 305 : 1+3+9-10

Jésus à sa table sacrée LlS 163 : 1-9*

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