lundi 6 juin 2011

Sermon du dimanche 1er mai

Fête du Travail

Texte : Ps 128.1-2+4-5+6b

Chants proposés :

Qu’on entende aujourd’hui, mortels, LlS 105:1-6

Entonnons en ce jour un cantique nouveau LlS 103:1-6

Heureux l’homme fidèle LlS 338:1-2+5-6+8

1 « Heureux tout homme qui craint l’Eternel, qui marche dans ses voies !

2 Tu profites alors du travail de tes mains, tu es heureux, tu prospères. […]

4 C’est ainsi qu’est béni l’homme qui craint l’Eternel.

5 L’Eternel te bénira de Sion, et tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie.

6 […] Que la paix soit sur Israël ! »

Chers chrétiens en fête !

J’avais déjà préparé un sermon pour ce dimanche « Quasimodo Geniti », ce premier dimanche après Pâques, quand j’ai réalisé que, cette année, ce dimanche tombait sur le 1er mai ou, pour le dire autrement : en 2011, la Fête du Travail tombe sur un dimanche.

Vous ne m’en voudrez pas d’avoir, en fin de semaine, rapidement changé le fusil d’épaule : le sermon prévu pour aujourd’hui, vous l’entendrez dimanche prochain. Aujourd’hui nous allons fêter le travail.

Ah ! bon … ça se fête, le travail ? N’est-ce pas plutôt une occasion de se plaindre, d’être insatisfait, de manifester, comme beaucoup le font aujourd’hui ?

« Les deux, mon cher Watson ! » : ce n’est pas parce qu’il y a des choses à redire, voire à critiquer et à améliorer, que le travail ne devrait pas être fêté.

Si nous devions attendre que quelque chose soit parfait, nous ne fêterions ni anniversaire, ni commémoration de mariage, ni jubilé de paroisse, ni rien du tout en dehors des actes de Dieu comme à Noël, Vendredi Saint, Pâques ou Pentecôte.

Justement, on oublie souvent que

LE TRAVAIL,

1 c’est Dieu qui l’a institué,

2 il a promis de bénir celui des siens,

3 il nous donne une recette pour être heureux au travail.

X X X 1 X X X

C’EST DIEU QUI A INSTITUE LE TRAVAIL

Le monde est ainsi fait qu’on ne peut pas vivre sans travailler. S’il y a des tire-au-flanc ou des parasites (je ne parle pas des malades et des chômeurs) qui arrivent à vivre sans travailler, c’est qu’ils profitent du travail des autres. Mais sans travail (et j’y inclus aussi le travail au foyer), la vie n’est pas possible sur terre.

Tout simplement parce que Dieu a disposé les choses ainsi en créant le monde.

Déjà dans le Jardin d’Eden, Dieu avait confié du travail au premier couple d’humains, Adam et Eve. « L’Eternel Dieu prit l’homme et le plaça dans le Jardin d’Eden pour qu’il le cultive et le garde. » (Gn 2.15)

On a coutume de dire – et moi aussi je l’ai souvent dit – que l’état du mariage est la première institution de Dieu après la création. Eh bien, j’avais tort ! …

Dieu a confié à Adam la responsabilité de « cultiver » et de « garder » la terre avant qu’il ne crée Eve, la première épouse. C’est le travail qui est la première institution divine dans l’histoire du monde. Il faudra que je fasse attention en parlant de la première institution établie par Dieu sur terre.

D’ailleurs, on peut vivre sans être marié. Mais essayez donc de vivre sans travailler ! …

C’est bien une disposition profondément ancrée dans la nature des choses, dans le cours de la vie sur terre.

Ce lien entre le travail et Dieu est souligné dans notre Psaume par le fait qu’il parle du travail à « tout homme qui craint l’Eternel » (v. 1), à toute personne qui fait partie de « Sion », de la « Jérusalem » spirituelle, de la communion des croyants (v. 5).

Bien entendu, il n’y a pas que les croyants qui travaillent. C’est une nécessité pour tout le monde. Tout le monde doit se plier à cette disposition du Créateur divin, que l’individu voie Dieu derrière et au-dessus du travail ou non.

Avouez qu’on a quand même une toute autre approche du travail quand on connaît celui qui nous l’a confié que quand on l’exécute uniquement parce qu’on ne peut pas faire autrement.

On a une autre appréciation du travail quand on « craint l’Eternel », quand on a pour lui cette vénération respectueuse et confiante, que quand on l’ignore et le rejette.

Si c’est le Dieu d’amour et de miséricorde qui a établi le travail, je peux lui faire confiance : il a ses raisons, et ses mobiles sont toujours bons pour les siens.

Il est vrai qu’avec l’intrusion du péché dans le monde, le monde du travail a aussi été lourdement affecté. Rien ne va tout seul, ni les relations entre donneurs d’ordre et exécutants, ni le rapport entre les cadences de travail et la rentabilité, ou entre les salaires et les prix de production ou des services rendus. Partout il y a des tiraillements, parfois des injustices, voire des souffrances et des drames.

Dieu avait prévenu. Avec le péché, c’est arrivé : « C’est avec peine que tu tireras ta nourriture [de ton travail] tous les jours de ta vie. […] C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras le pain » (Gn 3.17+19)

Raison de plus de se rappeler que c’est le « Dieu d’amour » (1 Jn 4.8) qui a institué le travail, et que, dans sa grande miséricorde, il ne nous abandonne pas dans les problèmes du monde du travail, mais nous accompagne de son pardon, de sa bénédiction et de ses encouragements.

C’est Dieu qui a institué le travail,

X X X 2 X X X

dieu a promis

de benir le travail des siens

Avouez que cela fait du bien d’entendre : « Heureux tout homme qui craint l’Eternel, qui marche dans ses voies ! Tu profites alors du travail de tes mains, tu es heureux, tu prospères. C’est ainsi qu’est béni l’homme qui craint l’Eternel. » (v. 1-2+4)

Dieu bénit le travail de tout être humain qui accomplit correctement sa tâche, mais ce n’est pas de cela qu’il parle ici. Bien entendu que l’OS à la chaîne de montage a le même résultat qu’il soit croyant ou incroyant. Un chauffeur de bus, de tram ou de train rend le même service, qu’il soit croyant ou incroyant. Et tous touchent le même salaire qu’ils soient croyants ou incroyants.

Ce n’est pas de cette bénédiction que Dieu parle ici. Il parle de la bénédiction spécifique qu’il accorde à « tout homme qui craint l’Eternel » et « qui marche dans ses voies ». Il veut que vous sachiez qu’il prend particulièrement plaisir à votre travail à vous qui « marchez dans ses voies », qui le servez par votre vie de croyants comme « sel de la terre » et « lumière du monde » (Mt 5.13-14).

Dieu s’adresse à ceux qui le connaissent et qui l’écoutent. Il parle aux siens dans les différentes situations qui peuvent être les leurs dans la vie. C’est eux qu’il veut réconforter, à eux qu’il veut donner une vision positive de l’existence.

Et si nous savons tous qu’il « fait contribuer toute chose au bien de ceux qui l’aiment » (Rm 8.28), avec ce psaume il veut nous montrer comment il « fait concourir » notre travail « à notre bien ».

Nous avons sans doute tous déjà connu des moments où nous avons gémi à notre travail, où nous avons dû nous faire violence pour nous y rendre. Dans ces moments, nous avons vu le travail sans son lien avec Dieu, nous avons vu ses problèmes sans songer aux promesses de bénédiction que Dieu y a liées.

Mais Dieu veut que nous soyons « heureux » au travail. Quand l’apôtre Paul nous invite : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ! Je le répète : réjouissez-vous ! » (Ph 4.4), il n’ajoute pas : « sauf au travail. » Non, il dit « toujours » !

Car où que nous soyons – à l’église, à la maison, en vacances ou au travail – nous sommes « toujours dans le Seigneur », nous sommes toujours reliés à Dieu via notre Seigneur Jésus-Christ, « nous marchons dans ses voies », dans la voie de la foi en Christ.

Et si « nous marchons dans ses voies », si notre attitude au travail est aussi celle de l’humilité et de la foi, alors Dieu considère notre travail « comme agréable par Jésus-Christ » (1 P 2.5).

Nous pouvons avoir des collègues difficiles, des chefs jamais satisfaits – toutes choses qui pourraient nous enlever la joie au travail –, alors rappelez-vous : Dieu apprécie vos efforts et votre honnêteté, Dieu apprécie votre travail, car vous l’accomplissez dans la foi en son Fils.

Cela signifie aussi que si on s’est trompé au travail, ou si on n’a pas rempli son devoir, on le reconnaît honnêtement, bref, là aussi « on marche dans les voies du Seigneur ».

« Heureux tout homme qui craint l’Eternel, qui marche dans ses voies ! Tu profites alors du travail de tes mains, tu es heureux, tu prospères. C’est ainsi qu’est béni l’homme qui craint l’Eternel. »

Oui, il y a du « profit » à suivre les voies du Seigneur au travail : nous pouvons alors nous y adonner avec ce sentiment bienfaisant que Dieu nous regarde avec approbation et qu’il nous bénit.

Si ce n’est pas là un « profit », alors que, généralement, on sent beaucoup de morosité et de stress au travail ?

Et « tu prospères ». Vous savez ce que signifie « prospérer » au départ ? Pas ramasser toujours plus d’argent. « Prospérer », c’est bien plus ; c’est « répondre aux espérances ».

Or nos espérances sont d’abord de l’ordre du Royaume de Dieu, de l’ordre de l’épanouissement personnel, du bonheur dans le couple, du bonheur des enfants.

Et si la prospérité matérielle peut y contribuer, elle ne peut pas nous l’assurer : les riches ne divorcent pas moins que les moins riches ; les riches ne sont pas moins nombreux – plutôt davantage – chez les psychiatres que les moins riches.

Ne nous trompons pas de prospérité. Et surtout, ayons cette confiance en Dieu : lui ne s’y trompe pas. Il nous promet la bonne « prospérité » si nous lui faisons confiance, aussi au travail. Il nous promet sa bénédiction.

Quel puissant encouragement au travail !

X X X 3 X X X

DIEU NOUS DONNE UNE RECETTE

POUR ÊTRE HEUREUX AU TRAVAIL

« L’Eternel te bénira de Sion, et tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie. »

Quand les choses vont mal, bien des gens, subitement, se rappellent de Dieu, mais pour lui faire des reproches : « Qu’est-ce que ce Dieu qui permet l’épreuve que je traverse, qui ne fait rien pour me sortir de là ? »

Mais Dieu n’est pas une « assurance tous-risques professionnels ou matériels ». Il n’est pas un self-service où l’on vient se servir quand on a besoin de lui, mais qu’on ignore quand la vie est belle.

La bénédiction de Dieu, celle qui procure le « profit » de l’épanouissement de la personne en relation avec son Fils, cette bénédiction de Dieu ne nous atteint pas comme par magie du haut du ciel bleu. Cette bénédiction se trouve en « Sion », ce « bonheur » se trouve dans la « Jérusalem » spirituelle, dans l’Eglise, la communion des croyants qui rencontrent leur Seigneur autour de sa Parole et de ses sacrements.

La bénédiction de Dieu, la vraie, la profonde, celle qui profite à toute la personne, passe par son Fils à ceux qui croient en lui.

Et cette bénédiction, il la transmet via les moyens de grâce, via l’annonce de l’Evangile et l’administration des sacrements dans l’Eglise.

Dieu a deux sortes de rapports avec les hommes ; il n’y en a pas de troisième : il est en colère contre ceux qui ne croient pas en son Fils, il est amour, grâce, compassion et bénédiction pour ceux qui se réfugient dans la foi auprès de son Fils.

La réussite au travail des incroyants ou leur prospérité matérielle ne doit pas tromper sur la nature des rapports que Dieu entretient avec eux : leur prospérité et leur réussite ne sont pas une bénédiction, ce sont des trompe-l’œil.

D’abord parce qu’ils ne connaissent pas la sérénité ou « paix de Dieu qui dépasse tout ce qu’on peut comprendre » et qui « garde nos cœurs et nos esprits en Jésus-Christ » (Ph 4.7). Ensuite, parce que leur prospérité sur terre va déboucher sur un drame effroyable, quand le rejet dès cette vie va déboucher sur le rejet dans l’au-delà.

Certes, tout n’est pas définitivement perdu pour eux. Tant qu’il y a la vie il y a de l’espoir, l’espoir qu’ils entrent en contact avec nous, les membres de « Sion », de l’Eglise, et que grâce à nous ils soient touchés par notre témoignage de la foi, par l’Evangile annoncé dans l’Eglise.

Quant à nous, fréquentons Dieu assidûment, régulièrement, là où il nous invite à le rencontrer : dans sa Parole et ses sacrements !

La bénédiction qu’il répand ainsi sur nous dans « Sion » s’étendra aussi à notre travail, d’ailleurs pas qu’à notre travail, mais à notre vie entière, car nous la menons à l’ombre de la croix de Golgotha et à la lumière de la tombe vide de Pâques.

Oui, en cette fête du travail, n’oublions pas que

LE TRAVAIL,

1 c’est Dieu qui l’a institué,

2 il a promis de bénir celui des siens,

3 il nous donne une recette

pour être heureux au travail :

venir nous armer pour la vie dans ses cultes.

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

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