mercredi 19 septembre 2012

Sermon du dimanche 9 Septembre 2012

14ème dimanche après la trinité


Dieu t’a fait grande miséricorde ; rends-lui donc grande gloire.

Luc 17.11à19
Alors qu'il se rendait à Jérusalem, Jésus passa entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils se tinrent à distance  et se mirent à lui dire: «Jésus, maître, aie pitié de nous!»  Lorsqu'il les vit, Jésus leur dit: «Allez vous montrer aux prêtres.» Pendant qu'ils y allaient, ils furent guéris.  L'un d'eux, se voyant guéri, revint sur ses pas en rendant gloire à Dieu à haute voix.  Il tomba le visage contre terre aux pieds de Jésus et le remercia. C'était un Samaritain.  Jésus prit la parole et dit: «Les dix n'ont-ils pas été guéris? Et les neuf autres, où sont-ils?  Ne s'est-il trouvé que cet étranger pour revenir et rendre gloire à Dieu?»  Puis il lui dit: «Lève-toi, vas-y, ta foi t'a sauvé.»

Au Togo, nous avons souvent eu l’occasion d’aider les autres, plus qu’on ne voulait ! Ce qui m’a toujours laissé perplexe était la différence entre ceux qui nous ont remercié pour une aide et ceux qui ne l’ont pas fait. En général, la culture exigeait que celui qui a reçu une aide donne un cadeau à son bienfaiteur en remerciement. Au début, presque toute personne que nous avons aidée nous a présenté un cadeau un peu plus tard. Mais avec le temps de moins en moins de gens nous remerciaient de cette façon.
En fait il y a eu une sorte de progression : ceux qui nous connaissaient mieux nous offraient moins de cadeau que ceux qui ne nous connaissaient guère. Souvent une personne qui avait reçu une grande aide ne donnait rien tandis que celle qui avait reçu très peu donnait un cadeau qui dépassait en valeur l’aide reçu. Ou bien, ceux qui avaient les moyens de faire un cadeau ne donnaient pas tandis que ceux sans moyens raclaient les fonds de tiroir pour pouvoir donner quelque chose. Je pense que nous pouvons comprendre ces attitudes. Par exemple, pourquoi exprimons-nous rarement notre gratitude dans la famille ? Ou pourquoi devient-il plus difficile de donner la dime à Dieu ?
On peut trouver une réponse à ces questions dans le récit de la guérison des dix lépreux. Il parait que nous rendons gloire à Dieu en proportion de la miséricorde que nous reconnaissons avoir reçue. Ce n’est pas tellement la question de ce que nous avons reçu mais de notre reconnaissance d’avoir reçu miséricorde, un bienfait immérité. La miséricorde de Dieu suscite nos actions de grâce. Si nous ne lui rendons pas gloire, c’est sans doute que nous avons oublié--ou ignorons--qu’il nous a tant fait miséricorde. Ce lépreux samaritain nous rappelle une grande vérité que nous devons nous rappeler tous les jours : Dieu t’a fait grande miséricorde ; rends-lui donc grande gloire.
Les dix lépreux crient, «Jésus, maître, aie pitié de nous!» On crie miséricorde étant dans une situation sans appui. Un criminel condamné attendant sa punition crie miséricorde, un pardon immérité, le contraire de ce qu’il mérite. Un pauvre débiteur incapable de rembourser ses dettes pourrait demander pitié pour sa créancier afin d’éviter la prison. Si le créancier lui remet la dette à laquelle il a droit, c’est la miséricorde. Si tu souffres ou es en péril, de quelque façon que ce soit, et que quelqu’un d’autre sans aucune obligation te sauve, c’est la miséricorde.
La lèpre était une maladie débilitante dont on mourait lentement, partie par partie du corps, jusqu’à la perte d’une fonction vitale. A l’époque il n’y avait pas de cure. Le seul espoir pour un lépreux était une intervention divine, un miracle. Comme perspective, la lèpre était très semblable au SIDA dans sa façon de tuer lentement la personne. Mais à l’époque la lèpre était pire que le SIDA parce qu’il entrainait une séparation de Dieu et de son peuple, une sorte de condamnation. La loi de Moïse dit, «Le lépreux atteint de la plaie portera des vêtements déchirés et aura la tête nue; il se couvrira la barbe et criera: 'Impur! Impur!' Aussi longtemps qu'il aura la plaie, il sera impur. Il est impur. Il habitera seul et sa tente sera à l'extérieur du camp.» (Lv 13.45s)
Le lépreux n’avait plus sa place dans la société ; il ne pouvait pas monter au temple, ne pouvait offrir un sacrifice, n’avait aucun moyen de s’approcher de Dieu. Ainsi considérait-on la lèpre comme punition divine. Nous nous souvenons par exemple de Miriam que Dieu a frappée de lèpre pendant une semaine. Ou de Guéhazi, le serviteur du prophète Elisée, qui a hérité la lèpre de Naaman comme récompense de son avarice et mensonge. Encore, le seul espoir au lépreux était l’intervention de Dieu, son pardon et guérison.
Alors ces 10 hommes ont vu en Jésus l’espoir de guérison. Jésus parcourait le pays en faisant de grands miracles et pardonnait les péchés. Les lépreux crient miséricorde à Jésus sans droit ou titre aucun. Ils ne pouvaient même pas s’en approcher. Ils n’ont fait que rester à distance et crier miséricorde. Jésus répond, «Allez vous montrer aux prêtres.» Leur supplication a été exaucée ! Il ne restait plus qu’aux  prêtres à les déclarer purs pour qu’ils rentrent chez eux. Ils ont reçu miséricorde !
Ce récit nous aide à comprendre notre position devant Dieu. Nous avons une espèce de lèpre spirituelle, le péché, qui nous rend impurs, indigne de la présence de Dieu. Rappelez-vous Adam. L'Eternel Dieu donna cet ordre à l'homme: «Tu pourras manger les fruits de tous les arbres du jardin, mais tu ne mangeras pas le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras, c'est certain.» ( Gn 2.16s) Vous connaissez bien la suite. Adam a mangé du fruit défendu. Puis il a subi un changement dans sa nature. Il est devenu pécheur et avait honte et peur de Dieu. Son rapport avec Dieu a été brisé et Dieu l’a chassé du jardin d’Eden.
Le pire, c’est qu’Adam n’avait aucun moyen de compenser sa rébellion. Il ne pouvait pas devenir à nouveau ce qu’il n’était plus, un homme parfait. Non, il était désormais frappé d’une condition semblable à la lèpre, avec ses plaies et corps mourant. Cette séparation de Dieu est une vraie mort spirituelle qui aboutit inlassablement à la mort physique. Vous et moi sommes nés dans cette condition. Par nature nous désobéissons à Dieu comme Adam ; nous sommes incapables d’obéir. Nous méprisons, nous convoitons, nous volons, nous mentons. Et nous savons que nous méritons la punition de Dieu tout en ayant besoin de sa bénédiction. Notre péché nous sépare de Dieu tout comme celui d’Adam. Dieu a le péché en horreur comme nous la lèpre ou le SIDA. Le péché gagne, contamine et tue. Nous sommes impurs devant Dieu, sans appui. A qui crier miséricorde ?
Eh bien, à Jésus, tout comme les 10 lépreux ! De la même façon qu’il a eu pitié de ces hommes-là il a eu pitié de toute la race humaine. Lorsque nous étions morts à cause de nos fautes, de nos péchés, de notre lèpre. Lorsque nous étions ennemis de Dieu, Christ est mort pour nous.
La loi de Moïse prescrivait un rite de purification de la lèpre très long et couteux. Il fallait huit jours, deux oiseaux, deux agneaux, une brebis, des litres d’huile, de fleur de farine et de l’eau. Il fallait offrir les animaux en sacrifice et mettre du sang et de l’huile sur la personne purifiée. Pour notre purification à nous il a fallu la mort du Fils de Dieu. Il a été notre agneau offert en sacrifice afin que, par son sang, nous soyons purifiés du péché. C’était un sacrifice de pure miséricorde. Nous n’avons rien mérité et n’y avons en rien contribué. En fait, nous n’avons même eu à chercher Jésus et à lui crier miséricorde comme les 10 lépreux. Jésus est venu pour nous de sa propre volonté. Il nous a apporté la paix et la guérison avant même que nous sachions en avoir besoin.
Nous devons constater ici le rôle de la foi. Les hommes lépreux ont démontré une foi surprenante en Jésus semblable à celle de Pierre quand il a marché sur l’eau. Jésus n’a pas dit, «Je vous guéris.» Il leur a seulement dit d’aller se montrer aux prêtres. Ils ont compris, et sont allés voir les prêtres uniquement pour se faire déclarer pur. Donc en y allant, ils ont été guéris. Ces hommes ne croyaient peut-être pas encore que Jésus était le Messie, le Fils de Dieu, mais ils croyaient certainement à son pouvoir de guérir. La foi, c’est ce qui reconnait en Jésus l’autorité, le pouvoir de guérir et de pardonner. La foi est l’assurance que Jésus exaucera notre cri de miséricorde, qu’il veut avoir pitié de nous.
La foi ne rend pas Jésus miséricordieux. Dieu n’a pas offert son Fils en sacrifice pour nous à cause de notre foi. C’est bien le contraire. Le sacrifice de Jésus a créé notre foi, a fait naitre en nous l’espérance. Nous mettons notre confiance en Christ parce que nous croyons qu’il est mort et ressuscité pour nous. Notre foi est donc le moyen par lequel chacun de nous reçoit le bénéfice du sacrifice de Jésus. C’est ce qui nous fait nous accrocher à Jésus. Il dit donc au Samaritain, «Lève-toi, vas-y, ta foi t'a sauvé.»
Que fait celui qui a reçu la miséricorde ? Il remercie et rend gloire à Dieu comme le Samaritain. Jésus l’a sorti d’une existence misérable. Qu’aurait-il pu faire autre que se prosterner devant Jésus et le remercier ? Et nous, comment pouvons-nous rendre gloire à Dieu pour la grande miséricorde qu’il a eu pour nous ? Le prophète Michée a dit à Israël, «On t'a fait connaître, homme, ce qui est bien et ce que l'Eternel demande de toi: c'est que tu mettes en pratique le droit, que tu aimes la bonté et que tu marches humblement avec ton Dieu.» (Mi 6.8) Bref, nous aimer les uns les autres, servir les autres, surtout nos frères et soeurs chrétiens, donner nos offrandes à Dieu en reconnaissance des ses bénédictions.
Notre amour pour Dieu est proportionnel à la miséricorde que nous reconnaissons avoir reçue. Le Samaritain a reconnu avoir reçu une très grande miséricorde et en était reconnaissant. Et les neuf autres, pourquoi n’ont-ils rien fait ? Je ne sais pas. Peu importe la raison ; ce qui compte c’est la réaction du Samaritain. Lui a fait ce qui plaît à Dieu.
Rendre gloire à Dieu est très important car il nous garde de nous tromper. Moïse dit à Israël, «Lorsque tu mangeras à satiété, lorsque tu construiras et habiteras de belles maisons, lorsque tu verras ton gros et ton petit bétail se multiplier, ton argent et ton or augmenter et tout ce qui est à toi se développer, attention! Ne laisse pas ton coeur s'enorgueillir et n'oublie pas l'Eternel, ton Dieu. C'est lui qui t'a fait sortir d'Egypte, de la maison d'esclavage, … Fais bien attention à ne pas dire dans ton coeur: ‘C'est ma force et la puissance de ma main qui m'ont permis d'acquérir ces richesses.’ Souviens-toi de l'Eternel, ton Dieu, car c'est lui qui te donnera de la force pour les acquérir afin de confirmer, comme il le fait aujourd'hui, son alliance qu'il a conclue avec tes ancêtres en prêtant serment.» (Dt 8.12-14, 17-18)
Il y a un vrai danger que nous oubliions la source de notre science, notre intelligence et notre capacité de produire tant de choses. Ca vient de Dieu ! Il y a également un vrai danger qu’avec le temps, après avoir été Chrétien depuis longtemps, peut-être né dans une famille chrétienne, que nous oubliions la grande miséricorde que Dieu nous a fait en Christ. Nous pouvons alors penser que Dieu est inutile ou même qu’il n’existe pas. Nous avons donc besoin de remercier Dieu, de lui rendre gloire afin de ne pas oublier sa grande miséricorde.
Dieu t’a fait grande miséricorde ; rends-lui donc grande gloire. Amen !

Pasteur David Maffett

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